LULU raconte....
Lucien Fleury ( Gouville 2009)
Bordeaux – Paris Randonneurs
Prologue
Lorsque mon ami Didier m’a demandé de faire un article sur
Bordeaux Paris, deux questions se sont
posées dans mon esprit. Pourquoi et dans quel but ?
Bien sur, je sais que plusieurs cyclos de notre club ont le désir de
participer à cette épreuve en 2010. D’accord je l’ai fait plusieurs fois, ce qui fait de
moi un homme d’expérience, mais je ne voudrais pas passer pour un « mas tu vu », quelqu’un qui veut
en mettre plein la vue, un rouleur de caisse. Donc cet article sera orienté sur
des anecdotes sur ce trajet et quelques
conseils, sans devenir pédant.
La Préparation
Mon premier Bordeaux Paris(BP), je l’ai effectué en 1982 en
compagnie de Michel Catherine et de Maurice Cardet. J’avais 36 ans.
Michel était quelqu’un de minutieux dans la préparation de
cette épreuve. C’est pourquoi nous avions décidé de faire 300 kms quinze jours
avant le BP. Nous sommes partis un vendredi soir à 18h pour effectuer un mini
tour du Cotentin. Nous avons roulé sur le petit plateau, toute la nuit, coupant le département au Pont de La roque,
direction Balleroy, puis retour par la côte Est.
C’est dans la matinée du samedi que nous en avons terminé.
Notre objectif était atteint. Dans nos esprits, tu as fait cette distance,
alors tu seras capable dans faire le double avec motivation.
Inutile de vous dire, que jusqu'à la date de cette épreuve,
nous avons mis la pédale douce.
C’est une préparation,
mais il en existe d’autres toutes aussi méritoires. Il faut des bornes.
Je crois qu’à cette époque
nous voisinions entre 3000 et 4000 kms.
Le trajet
Ayant pris l’option des
36 heures pour effectuer ce parcours, nous avons pris le départ à 6h du
matin, du parc Palmer à Cenon. Avant le franchissement de la ligne, contrôle de
l’éclairage AV et AR par les organisateurs. C’est bon cette ambiance, tout ce
monde qui jacte, ça sent le dolpic, l’huile camphrée, en plus les motards pour
les premiers Kms, on s’y croirait, c’est nous les vedettes. Le premier contrôle
se trouve à Ruelle, à 134 kms du départ. Nous y arrivons à 10h 55. Un repas est
organisé. Une demi-heure pour manger et hop nous voilà repartis. ( Là, je fais
un petit aparté. Lors de mon 2éme BP tout seul, en 1984, j’avais cassé un rayon
en ce lieu, non loin d’un marchand de vélo. Le commerçant qui me regardait,
s’approcha de moi, pris mon vélo, remplaçât le rayon gratuitement, et me remis
sur selle, en me disant bonne route, voila un amoureux de la petite reine). Revenons en 1982, direction Chabanais, c’est
notre 2éme contrôle au km 185. Le paysage est vallonné et magnifique, nous
moulinons bien, toujours sur la réserve, nous y arrivons à 13h 46.
Repartons aussitôt la carte tamponnée vers L’isle Jourdain.
C’est vers 15h55, au km 229 que nous arrivons à ce 3éme contrôle. Si le paysage
est joli du coté du viaduc, les patates
ne sont pas vilaines; Parfois Michel, Maurice et moi nous nous joignons avec un
groupe plus important, roulant à notre vitesse. Cela fait du bien, les relais
sont plus longs. Les Kms se succèdent, les côtes aussi, nous passons Chauvigny
(4éme contrôle), au km 270 à 18h10 et prenons la direction de Chatillon sur
Indre. Le coup de pédale est toujours souple et c’est vers 23h que nous y
arrivons au km 337, c’est notre 5éme contrôle. Nous nous restaurons. Nous nous
frictionnons les jambes Nous sommes en harmonie avec notre tableau de marche.
Là le morceau le plus dur va commencer. Nous sommes dans la nuit, nous avons
mis les éclairages. Ce n’est pas terrible. Pour nous aider, nous partageons
avec d’autres cyclos, ayant une voiture accompagnatrice devant, un bout de
route. Une chance, on ne voit pas les patates. Un contrôle volant vérifie notre
éclairage. Nous arrivons à Couddes au km 385 à 2h 30. C est le 6éme contrôle. La fatigue commence à
se faire sentir. Pour rouler droit, nous nous obligeons à fixer les lignes
blanches. La nuit est courte. Les lueurs de l’aube apparaissent vers 4h.Nous
longeons les bords de la Loire. Il fait froid. La tension se relâche. C’est le
moment le plus crucial. Là je fais un petit aparté. En 1986, au lever du jour,
lors de mon 3éme BP, nous étions un groupe de l’ACO, imaginez que notre ami Jean-Marie, situé
dans le peloton, dormait sur le vélo et les jambes tournaient
toujours. On l’a réveillé en l’arrosant avec nos bidons. Nous avons eu le droit
aux injures, mais l’incident était terminé. Revenons en 1982, maintenant nous
quatre, car une jeune dame, trouvant que nous roulions à son rythme, s’est jointe a notre petite entité et c’ est
vers 6h30, que nous arrivons à Orléans La Source au km 465à 6h30, 7éme contrôle
au centre de loisirs. Les organisateurs nous ont préparé un petit repas. Cela
fait du bien. Après ½ heure d’arrêt,
rassasiés, rasés, nettoyés et frictionnés, après avoir conseillé notre
compagne, nous repartons ; Après 50 kms, nous arrivons au km 515 vers 9h
30 à Autruy sur Juine, lieu de notre
8éme contrôle. Une grande tasse de café nous fût très bénéfique. Le soleil commence à
se lever, cela nous réchauffe, le moral remonte, cela mouline toujours bien,
nous roulons dans la vallée de Chevreuse, arrêt au 9éme contrôle au km 560 à
11h35 dans Saint-Cyr sur Dourdan. Là notre Maurice, ayant oublié son Bidon au
Bar, nous a fait parcourir 10 kms en plus pour le récupérer. La pression
augmente, les jambes deviennent moins douloureuses, on tourne bien les pédales,
il y a encore quelles belles patates, mais la joie est là, et c’est à 14h15nous
arrivons au stade de Viry-Châtillon, après avoir parcouru 610 kms.
Epilogue
Ma famille est venue nous récupérer à l’arrivée à
Viry-Chatillon. Nous étions transportés dans une ID, et dormions au bout de 5
minutes, avant d’atteindre Chaville. Après un repas, nous avons repris le train
pour Cherbourg. Le contrôleur nous a secoués pour nous réveiller. Quand on lui
a expliqué, comme il était cycliste, il nous a laissé dormir sans réclamer les
billets.
Pendant les 8 nuits suivantes, j’ai l’impression d’avoir
dormi avec ma selle de vélo. Sans commentaires.
L’alimentation
Je me suis alimenté de gruyère, d’abricots secs, de
pruneaux ;
En 1990, lors de mon 5éme BP en compagnie de Marcel Lagalle,
j’ai mangé beaucoup de pâtes de fruits, et là j’ai été malade, complètement
écœuré, envie de vomir, j’ai dit à Marcel <va t’en>. Il est parti devant.
J’ai continué en mangeant des biscuits secs, puis la forme revenant j’ai rejoint
mon compagnon. Nous avions un contrat de 26 Heures. Nous l’avons exécuté en
25h.
Tout cela pour dire que c’est difficile de trouver la
recette miracle. Boire beaucoup, manger toutes les heures ou entre 30 et 35
kms. Parfois un fruit ou un sandwich font autant bien qu’une barre énergétique.